Trouver film ou une actualité.

Votre recherche ?

  /  Ciné-club   /  Ciné-club : Working Class Heroes, Working Class Heroines

Ciné-club : Working Class Heroes, Working Class Heroines

Cliquez pour le télécharger

CINQ FILMS SUR LA CLASSE OUVRIERE ANGLAISE ET SON EVOLUTION

  Si en 1970, la chanson de Lennon actait la fin des Beatles, elle remettait aussi en valeur tout l’héritage que la musique pop devait à la classe ouvrière, signifiant  par là, la fin du mythe d’une société sans classe, dont les Travaillistes au pouvoir d’Harold Wilson, avaient rêvé dans les années 60. Clin d’oeil de l’histoire, à quelques semaines près, le second long métrage de Ken Loach au cinéma, « Kess »,  témoignait aussi de la dure existence de la condition ouvrière dans une ville de mineurs du Yorkshire.

Déjà, aux début de cette  décennie 60, les réalisateurs du free cinema comme Karel Reisz dans « Samedi soir, dimanche  matin» avaient  montré  l’aliénation provoquée par le travail industriel dans une usine de Nottingham. De même, dans « Les chemins de la Haute Ville »  Jack Clayton, mettait en scène un jeune ouvrier, dont l’ascension sociale était contrariée par le mépris de classe des élites urbaines.

Mais alors que la société industrielle, vecteur de la consommation de masse, connaissait son grand essor des « Trente Glorieuses », la classe ouvrière disparaissait donc peu à peu des écrans .  La décennie suivante le confirmait (contrairement à ce qui se passait au même moment en Italie)  bien que marquée par la crise du modèle de production  et l’apparition du  chômage de masse.  La décennie 80 accentuait cette tendance dans un contexte d’effondrement du cinéma anglais : 21 longs métrages en 1981 ! La violence libérale des gouvernements Thatcher envers les syndicats, rendait suspect la figure même de l’ouvrier et le travail des réalisateurs qui s’en préoccupaient. Beaucoup se replièrent alors sur une télévision quelque peu préservée, où l’école documentaire continuait à faire ses preuves.

C’est donc aux début des années 90 que le prolétaire revint, dans tous les aspects de sa vie quotidienne et de son (manque) de travail . S’imposèrent alors Ken Loach ( un film par an pendant la décennie, de « Raining Stones » en 1993 à « The Navigators » en 2001), Stephen Frears, Mike Leigh et tant d’autres qu’ils inspirèrent, des « Virtuoses » de Marc Herrman (1996) aux « Full Monty » de Peter Cattaneo (1997).

Le succès international confirma le renouveau de la question ouvrière au cinéma, aussi bien lors des grands festivals, que dans les salles européennes, tout particulièrement en France où, sauf exceptions, le cinéma restait fidèle aux états d’âme et aux aventures sentimentales de la bourgeoisie.

Aujourd’hui, une partie de cet héritage est revu par de nouveaux réalisateurs-trices qui, dans un cinéma que l’on juge souvent moribond, multiplient les approches originales et variées.

La classe ouvrière traditionnelle s’étant grandement étiolée, les représentations du passé dépendent surtout des enjeux sociétaux du présent, qui viennent se confronter aux mémoires individuelles. Ainsi, n’est -il pas étonnant de trouver dans les films de reconstitution historique, une nouvelle place donnée aux femmes, que l’on retrouve certes, dans l’espace privé où elles étaient souvent cantonnées auparavant mais aussi, désormais, dans les rapports de production et donc au cœur de la société de classes.

A cause des droits à payer, des ayant droits en Angleterre et des formats, peu de ces films sont accessibles, dès lors les films sélectionnés datent des quinze dernières années. Une seule exception : « Distant voices, still life » de Terence Davies (1988) film récemment restauré, exceptionnel par ses qualités et par le fait que le réalisateur, né dans un « taudis » d’un  quartier ouvrier de Liverpool, porta sa vie durant, la parole et les chants  d’une classe sociale dont il était issu.

Roger Hélias