Septembre 1963, c’est la rentrée des classes.
Anne a 13 ans, sa sœur Frédérique en a 15. Elles rêvent de liberté et leur vie, à l’image du monde qui les entoure, est en pleine effervescence.
Entre une mère dépassée, un père maladroit, les premiers flirts et la prochaine boum, Anne enfile des collants en cachette et collectionne les mauvaises notes.
Le transistor à l’oreille, Frédérique découvre la politique et les garçons.
Autour d’elles c’est la ronde des professeurs sévères ou hystériques.
Nous sommes dans les années 60 mais l’adolescence est éternelle et les adultes décidément n’y comprennent jamais rien.

« Considérable succès public avec plus de trois millions de spectateurs, couronné le jour de sa sortie par le prix Louis Delluc (le Goncourt cinématographique), devenu depuis film « culte » après de multiples passages à la télévision, le premier film de Diane Kurys est devenu un phénomène de société. L’indéniable talent de la réalisatrice qui, tout en évoquant sa propre jeunesse avec pudeur et justesse, faisait preuve de réelles convictions, explique ce succès, sans oublier l’excellente campagne de lancement avec l’affiche dessinée par Floch et la chanson d’Yves Simon. Sorti entre le « Star Wars » de Georges Lucas et le « Grease » avec Travolta , « Diabolo menthe » symbolisait jusqu’à la caricature, le cinéma français de qualité, tel qu’on aime tant le représenter à l’étranger.

       Revoir le film en septembre 2023, sur grand écran, reste toujours un grand plaisir. Au-delà des débats réactionnaires sur le thème : « Rendez-nous nos lycées (bourgeois) de 1963 avec jupes plissées et blouses pour tout le monde !! », le film conserve une indéniable fraîcheur dans la juste observation des tourments adolescents. D’ailleurs en 1978, la jeunesse s’était ruée dans les salles, reconnaissant dans Anne et Frédérique leurs contemporaines et signalant par là, que les réformes du système scolaire post 68 n’avaient guère modifiées les bases d’un système reposant essentiellement sur de multiples contraintes et soumissions.

Aujourd’hui, « Diabolo Menthe » reste encore source de création. La chanson d’Yves Simon n’arrête pas d’être reprise (ainsi la version très rock de la Grande Sophie). L’an passé, scénarisée par Diane Kurys et dessinée par Cathy Karsenty, est sortie une BD au titre éponyme. Enfin, l’Université s’est emparée des thématiques du film, dans une perspective d’analyse centrée sur les films de l’adolescence (les « teen-movies » anglo-saxons) dans une approche sur l’histoire des représentations à l’écran. 1963, 1978, si lointains mais encore tellement proches... »    Roger Hélias